Voici l’histoire d’un jouet simple, expressif, fait main et qui donne le sourire… bref un jouet comme on les aime. Un jouet qui fait voyager et qui raconte des histoires… l’histoire d’un village au fin fond de la campagne russe,dédié depuis des siècles à la fabrication de ce jouet. Merci encore à notre maman globe trotteuse Marie-Charlotte pour cette nouvelle escapade en terre de Russie. Suivons-la, à la découverte des artisans qui fabriquent les célèbres petits ours qui dansent.
Les jouets sculptés iconiques de Bogorodskoye
Prenons le train depuis Moscou pour nous rendre à Serguiev Possad, célèbre ville de l’anneau d’or, ville sainte, haut lieu de l’orthodoxie, bien connue pour son monastère. Et surtout ville où vit notre amie Tatiana, créatrice de nos matriochkas préférées !

Au pays de l’ours qui danse
Dès l’entrée de la ville, un panneau nous indique que la fabrique de ces jouets en bois russes iconiques se trouve bien là, reconnaissable à l’ours et au bûcheron, assis face à face sur un morceau de bois.
Nous arrivons rapidement à la fabrique de jouets, fondée en 1913 par Andrei Tchouchkin, qui s’est bien agrandie depuis. Elena nous accueille avec un sourire et ne cache pas sa joie de recevoir des français. Les touristes sont rares dans ce village, alors des français… n’en parlons pas !
Nous entrons dans la fabrique pour visiter les 2 salles du musée. Malheureusement, les ateliers sont fermés aujourd’hui, il s’agit d’un rattrapage de jour férié… Nous regrettons de ne pas pouvoir observer les artisans en plein travail. Il faudra revenir !

Des jouets d’abord pour faire patienter les enfants pendant les cérémonies religieuses
Elena veut tout nous montrer, elle ouvre les vitrines, sort les jouets, les anime… Quelle chance ! Commençons par le début : nous prenons dans nos mains le premier jouet sculpté connu : une petite poupée en bois, de forme ovale, qui calmait bien les tout-petits pendant les interminables offices orthodoxes au monastère.
Les coulisses de la fabrication
Nous découvrons peu à peu les étapes de la fabrication d’un jouet. L’artisan commence par choisir un morceau de bois. Comme on s’amuse souvent à imaginer des dessins dans les nuages, c’est souvent la forme du morceau de bois qui va décider du jouet que va créer l’artisan. À l’aide d’outils tout simples tels qu’une hachette, un couteau à lame courte et incurvée et des fraises de différentes tailles, le travail progresse par étapes. La fourrure d’un ours ou les plumes d’un oiseau apparaissent peu à peu avec une précision étonnante.
Différentes essences de bois sont utilisées : tilleul, frêne, orme ou saule.
Un savoir-faire ancestral
Les jouets, historiquement, n’étaient pas peints. Le savoir-faire se transmettait au sein des familles. Chacune avait alors sa spécialité : alors qu’une famille d’artisans sculptait des oiseaux, une autre sculptait des personnages humains… Et chaque jouet avait son propre nom.
Un jouet était ainsi réalisé de A à Z par un même artisan et la fabrication lui prenait en moyenne 2-3h pour les modèles les plus classiques.

Naissance des jouets de bois articulés
C’est en 1600 qu’apparaît le premier jouet articulé : un ours et un moujik (paysan russe), assis sur une planche, en train de couper à la hache un même tronc. Ce jouet, devenu célèbre, a vite été utilisé comme l’emblème du village de Bogorodskoye.
À la fin du XIXème siècle apparaissent des mécanismes plus poussés : ressorts, planches, boutons poussoirs.
Le premier jouet à balancier voit le jour en 1909. Il s’agit de petites poules picorant des graines. On trouve aujourd’hui ce type de jouet sur tous les marchés russes, déclinés dans toutes les couleurs possibles. C’est un souvenir traditionnel que les parents aiment offrir aux enfants. En 1909, les jouets de ce type étaient bruts, encore dénués de toute couleur.
Des jouets traditionnels et frustes, valorisés par le régime soviétique
Bien que déjà très connus, les jouets de Bogorodskoye gagnent en notoriété après une grande exposition à Moscou, au centre panculturel VDNKh, en 1970.
Dans les années 1960, le petit atelier se transforme en usine. Par la suite, en 1980, cette usine compte plus de 250 artisans. Ils sont essentiellement masculins. La première femme à entrer à l’usine est peintre. Elle sera celle qui donnera enfin de la couleur aux jouets.
Tous les enfants russes et les petits français expatriés ont passé des heures à faire tourner le balancier de ces jouets iconiques. Pour voir l’ours danser, le lapin pêcher ou encore … XXIème siècle oblige … taper à l’ordinateur ! Car les artisans russes n’hésitent pas à continuer de créer de nouveaux modèles. Un exemple rare d’artisanat tout simple mais bien vivant. Promis on vous poste une vidéo sur Instagram bientôt !
Des trésors que l’on redécouvre aujourd’hui
Actuellement, l’usine compte une trentaine d’artisans et est organisée en différentes sections : jouets simples, jouets animés, sculptures, peinture. L’intérêt de se déplacer jusqu’à Bogorodskoye est de dénicher de vraies pièces d’artistes. Qui changent des modèles simples que l’on trouve sur beaucoup de marchés. Car l’intérêt pour ces jolis jouets sculptés demeure intact à travers le pays. Aussi est-il est possible d’acheter les jouets de Bogorodskoye dans toutes les grandes villes russes. Il existe également des concours où les artisans, véritables artistes, rivalisent d’imagination et de créativité pour proposer des œuvres monumentales ! A découvrir dans les ateliers du village.
Un jouet tout simple et naïf à ramener et à collectionner
Tous les enfants russes et les petits français expatriés ont passé des heures à faire tourner le balancier de ces jouets iconiques. Pour voir l’ours danser, le lapin pêcher ou encore … XXIème siècle oblige … taper à l’ordinateur ! Car les artisans russes n’hésitent pas à continuer de créer de nouveaux modèles. Un exemple rare d’artisanat tout simple mais bien vivant. Promis on vous poste une vidéo sur Instagram bientôt !
