Ces marionnettes de collection vous attendent dans un petit atelier juste de l’autre côté des Pyrénées. Cet été, je m’apprêtais à quitter l’Espagne un peu découragée. Fin des vacances et aucune trouvaille vraiment extraordinaire. Certes, les poupées Paola Reina sont incontournables dans la péninsule. Nous vous reparlerons bientôt de ces poupées chères au cœur des petites espagnoles. Mais à part les poupées, les magasins de jouets que j’avais pu trouver lors de notre périple dans le Nord de l’Espagne étaient décourageants. Rien de nouveau sous le soleil hispanique, licences et made in China à tous les étages… J’avais presque réussi à dégoûter mes filles, à force de multiplier les détours pour tenter encore et encore, au coin de la « prochaine » rue, de trouver la perle rare !

Ne quittez pas l’Espagne sans découvrir l’atelier de marionnettes de Jonan et Idoia !
C’est alors que sur le chemin du retour, à à peine un ou deux kilomètres de la frontière, je découvre enfin une pépite. En nous autorisant une dernière balade dans les ruelles en pentes de Fontarrabie, une odeur étrange m’attire soudain. Puis je reste ébahie une devanture hors du commun : des petites paires d’yeux, emmitouflées dans les volants et des plumes nous regardaient : les marionnettes de Jonan et Idoia !
Une fois la porte poussée, c’est le bonheur. L’atelier Menina est ce genre de lieu passionnant et marquant, chargé d’histoire humaine, de savoir-faire et composé d’un bric-à-brac d’outils tous plus étranges les uns que les autres. Comme je les aime. Le genre de lieu et de rencontre qui me pousse à tenir ce blog. A continuer de chiner et de dénicher des merveilles pour vous.


Portrait d’un couple d’artistes passionnés
Idoia est née en 1962 et déjà toute petite elle aimait se fabriquer ses propres poupées. Ce jeu d’enfant est devenu une passion, une vocation, un métier. Car voilà déjà un quart de siècle qu’elle fabrique ses propres marionnettes dans son atelier de Fontarrabie.
Il y a de cela déjà plus d’une décennie, Idoia est tombée amoureuse de cette boutique-atelier lovée dans une ruelle historique. En entrant par la porte basse de la ville, vous ne pouvez pas la manquer. Elle se situe à droite au début de la petite rue pavée qui se hisse à flanc de colline vers la place historique du château, au milieu des vielles pierres.
Vous serez alors immanquablement attirés par ces petites frimousses qui regardent à travers la vitre de l’atelier. Quel meilleur écrin pour ces personnages entre passé et présent que le quartier médiéval de cette petite ville du pays basque espagnol alanguie au pied de la tour de Charles Quint ?

Visite d’atelier : un foisonnement pour les sens
Tous les sens sont convoqués pour saisir le délicat travail qui donne vie à ces pièces extraordinaires.
Lors de ma venue, cela sentait fort la colle que Jonan, complice d’Idoia dans la création comme dans la vie, faisait chauffer pour modeler le visage d’un petit torero tout à la fois typique et revisité.
Ce que je trouve passionnant dans les marionnettes que je découvre alors, c’est la mixité des techniques : papier mâché, sculpture, peinture, couture… de nombreux savoir-faire sont sollicités pour donner vie à ces petits personnages. En outre, chaque figure est un véritable condensé d’histoire et de folklore, voire d’art, espagnol… autant de sujets de conversations à exploiter avec nos enfants si l’on décide de décorer leur chambre avec une de ces marionnettes de Jonan et Idoia.
Avant de créer un personnage nouveau, Idoia nous raconte qu’elle passe infiniment de temps à se documenter sur l’histoire et l’icônographie du personnage. Elle choisit avec soin ses tissus et modèle en volume son ébauche. Si le modèle plaît, viendra le temps des moules afin de pouvoir produire en petite série des visages identiques. Elles seront ensuite peintes et habillées, chaque fois de manière différente. Chaque personnage et chaque marionnette sont ainsi totalement artisanaux et uniques. Pourtant, la seule concession qu’Idoia a faite à la modernité est d’avoir abandonné sa machine à coudre à pédale au profit d’une machine électronique !

Les marionnettes de collection qui font le bonheur de grandes institutions et de collectionneurs privés… Et bientôt le vôtre, pourquoi pas ?
Au fil des ans, Idoia a modelé et conçu des centaines de figures et de personnages. Les personnages espagnols et basques restent toutefois sa spécialité. Ses marionnettes ont voyagé dans le monde entier, dans les valises de collectionneurs avertis.
Vous pouvez également les voir dans des musées spécialisés et notamment au musée des marionnettes de La Rochelle.
Cependant, ces marionnettes d’artistes ne sont pas l’apanage des collectionneurs et des musées. Alors pourquoi ne vous laisseriez-vous pas tenter par la magie de ces petites figurines typiques ? Pourquoi ne pas en acquérir une pour votre théâtre familial personnel ?
Mais chut… laissons-les travailler.
La presse chauffe, le fer à repasser s’active pour défroisser le jupon de la Ménine « à la Vélasquez » qu’Idioa est en train de façonner… Si vous passez par-là n’hésitez pas à pousser la porte. Ces artistes vous accueilleront avec une grande gentillesse et partageront sous vos yeux leurs techniques de fabrication. Profitez de ces créateurs qui aiment comme rarement partager leur passion. Vous ne vous lasserez pas de laisser votre regard courir dans ce fourmillant atelier.
Longue vie encore aux marionnettes Les Ménines ! Ou comment mettre Velazquez et la tradition à la portée de nos enfants au XXIème siècle !

Pour aller plus loin sur ces marionnettes
Sur Fontarrabie
Sur l’atelier : http://www.euskonews.com/artisautza/0349zbk/Artisauak_es.html
Sur le musée des automates et des marionnettes de la Rochelle